Bulgarie

Le carnaval de Batanovci

Les flammes éveillent cet ailleurs que l’on invoque ici. Les braises chauffent l’air, comme pour ignorer l’hiver installé. Le sol, froid, devient bouillant et fait sauter les pieds autour du foyer incandescent. Les feux, tirés dans le ciel, retombent en poussière étoilées sur les silhouettes tapis dans l’ombre, aux frontières du cercle, regardant d’un œil brillant ce déchaînement aussi fascinant qu’effrayant.

Au matin, dans le calme du village refroidit par la fête, je cherchais ces cloches, ne trouvant que les aboiement lointains des chiens en hiver. C’est une ombre velu tintant discrètement qui m’a guidé. J’ai suivi la cloche grelottante.

Cet attirail lourd et froid doit être réchauffé. Après le feu, c’est au tour de jouer, de mettre en lumière les esprits, de les tirer de leur profonde léthargie. Plus elles résonnent, plus ils sautent, bougent et mangent. Un cycle gargantuesque qui se répète et qui prendra fin lorsque les dernières maisons seront visitées.